#8mars – En ligne, le techno-patriarcat fait reculer les droits des femmes

Alors que le 8 mars célèbre le combat mené par les femmes pour leurs droits au fil des générations, il y a bien un espace où les droits des femmes sont encore loin d’être acquis : Internet.

Dans la sphère numérique, les algorithmes, pierre angulaire du modèle économique des plateformes, rendent toute progression des droits des femmes en ligne impossible en laissant le champ libre à la haine et la misogynie. On ne compte plus les études qui montrent que les algorithmes d’IA sont sexistes. Conçus en majorité par des hommes et pour des hommes, ces outils sont le reflet des inégalités de genre présentes dans la société et participent à leur reproduction et amplification. Des IA génératives conversationnelles qui présentent des biais de genre aux IA de recommandation des réseaux sociaux qui favorisent la diffusion de contenus misogynes et sexistes, ces algorithmes contribuent à faire reculer l’égalité de genre, un post après l’autre.  

En conséquence, les plateformes en ligne sont devenues le terrain de jeu favoris de groupes masculinistes dont les discours haineux sont de plus en plus décomplexés et où le harcèlement est devenu une pratique courante. Les femmes sont les premières victimes de ce système techno-patriarcal puisqu’elles représentent 84% des victimes de cyberviolence et sont ainsi condamnées à se taire face à des hommes qui se protègent.

Le fonctionnement des plateformes favorise également la désinformation sur des sujets tels que la santé sexuelle et reproductive, en facilitant la diffusion de fausses informations et de contenus dissuasifs sur l’avortement par des mouvements anti-IVG qui se sont emparés des réseaux sociaux pour porter atteinte au droit des femmes à disposer de leur corps. 

L’ensemble de ces acteurs, qui agissent contre les femmes et leurs droits, tirent avantage d’un système qui leur profite, un modèle économique des réseaux sociaux basé sur la recommandation de contenus et la publicité, mais aussi du manque cruel de modération des plateformes qui se dédouanent de toute responsabilité. En définitive, sans régulation efficace des plateformes et des algorithmes, les femmes continueront d’être les premières victimes de technologies sexistes et la lutte pour leurs droits en ligne sera à la merci de l’idéologie misogyne portée par les géants de la tech.

 

Pour aller plus loin : 

Clermont-Dion Léa, Maroist Guylaine, Je vous salue salope, la misogynie au temps du numérique, Film, 2022

Equipop, Contrer les discours masculinistes en ligne, 2023

Fondation des Femmes, Mobilisation anti-avortement en France : quand les réseaux sociaux menacent le droit à l’IVG, 2024

Gault Pierre, Mascus, les hommes qui détestent les femmes, 2024, Documentaire disponible sur France TV ici 

IPSOS pour Féministes contre le cyberharcèlement, Cyberviolence et cyberharcèlement : Etat des lieux d’un phénomène répandu, 2021 

Saliou Mathilde, Technoféminisme, Comment le numérique aggrave les inégalités, 2023

 


1 Selon l’UNESCO, les femmes comptent seulement pour 20 % des employés occupant des fonctions techniques dans les entreprises d’apprentissage automatique, 12 % des chercheurs en intelligence artificielle au niveau mondial et 6 % des développeurs de logiciels professionnels.

2 À ce jour, les PDG des principales entreprises d’IA dans le monde ou des grandes plateformes en ligne sont principalement des hommes.